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mercoledì 22 gennaio 2014

Burgos (Espagne) :: L’insurrection - et la victoire - d’un quartier


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A Burgos, au Nord de l’Espagne, depuis le 10 janvier, la colère à propos d’un coûteux projet de transformation urbaine fait trembler le quartier populaire de Gamonal. Des milliers d’habitants affrontent les escouades de policiers : manifestations, barricades, poêles et casseroles aux balcons... Explications.

Bert De Belder
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Participation des habitants au conseil communal

Des jours de protestations ininterrompues ; des manifestations de toutes les formes et de toutes les couleurs, calmes et moins calmes ; des mineurs et des ménagères arrêtés par la police ; les vitres de banques qui volent en éclats – ces mêmes banques qui ordonnent les fameuses expulsions de logement pour ceux qui n’arrivent plus à rembourser leur emprunt ; des blessés par coups de matraque et balles en caoutchouc... Et, chez tous, un même message – le refus d’un projet de travaux publics – et une même volonté : prendre part aux décisions concernant leur ville. Ils se sont organisés dans une plateforme appelée « Non au boulevard ».

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City marketing

En cause : la transformation de l’artère principale du quartier, la Calle Vitoria, dans le centre de Burgos (200 000 habitants), en un boulevard chic. Les quatre bandes de circulation vont être réduites à deux, avec, au centre, une piste cyclable et une allée piétonnière. Voilà qui semble bien joli, mais les habitants du quartier se demandent où va aller la circulation : à travers leur quartier de Gamonal ? Et puis, 350 places de parking vont disparaître, et un parking souterrain payant de 250 places va être construit. Les places coûteront 20 000 euros l’unité, un prix absolument prohibitif pour les habitants. Mais, surtout, les gens estiment que ce chic boulevard ne vaut absolument pas cette dépense astronomique en temps de lourde crise économique : la facture est de 8,5 millions d’euros. « Avec 18 000 chômeurs dans note ville, ne serait-il pas plus logique que le budget communal aille plutôt à la protection sociale ? » interroge la section locale de Izquierda Unida (Gauche unie, dont fait partie la Parti communiste espagnol). La ville de Burgos a par ailleurs 160 millions de dettes. En deux ans, la Ville a augmenté trois fois les impôts, taxes et prix des services publics. Mais elle commande en même temps des travaux de prestige pour apparaître sous un beau jour pour les élections communales en 2015, avec une campagne de promotion « Gamonal Siglo XXI », (Gamonal 21e siècle).
Le quartier populaire de Gamonal a une tout autre histoire et composition sociale. Durant les dernières années de la dictature de Franco, le quartier a servi de réserve de main-d’œuvre bon marché. Des milliers de gens des villages environnants y affluaient dans l’espoir de trouver un travail dans ce qui était alors appelé un « pool de développement ». Et, pendant des décennies, le quartier est resté ignoré par les élites économiques et politiques de la ville. Le rejet de tout et de quiconque veut tirer du profit de ses habitants est inscrit dans l’ADN de Gamonal, et ce quartier est devenu un des plus rebelles de Burgos.


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Petits arrangements entre amis

Avec le parti de droite Partido Popular (PP) au pouvoir à Burgos, la lourde crise économique et, en plus, une politique communale corrompue, il fallait s’attendre tôt ou tard à des éclats. Cela fait des années que le bourgmestre Javier octroie tous les travaux publics à des entreprises amies. Elles ont obtenu la gestion des autobus et des parkings communaux. Toutes les autorisations ont été arrangées, toutes leurs amendes ont été effacées. (La dernière année, il y a bien eu deux conseillers communaux du PP qui ont été contraints à démissionner après la mise au jour de deux scandales – mais « seulement » deux, dit-on à Burgos.)
Pour les travaux de la Calle Vitoria, le contrat a été attribué à M.B.G. Ingeniería y Arquitectura SL, propriété du sieur Méndez Pozo. L’homme a déjà été condamné à deux ans de prison pour faux en écriture dans une autre affaire de travaux publics à Burgos. Le bourgmestre, Javier Lacalle,  entretient de bonnes relations avec Pozo. En 2006, il avait été invité en tant qu’échevin des Travaux publics à un petit voyage d’agrément sur la Côte d'Azur par le fils Pozo, qui lorgnait alors le contrat pour la construction d’un tunnel aux Baléares – qu’il a d’ailleurs obtenu.

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Poursuite des actions

Les actions contre le boulevard de la Calle Vitoria ne sont pas neuves, elles remontent même à novembre 2011. Mais pendant tout ce temps, le pouvoir communal n’a concédé aucun effort pour consulter la population, pour organiser un dialogue, pour répondre aux nombreuses critiques sur les erreurs dans le calcul des coûts, pour tenir compte des propositions alternatives des diverses organisations et plateformes. La section communale de Izquierda Unida a déposé une proposition de loi pour organiser une consultation populaire par internet pour toute dépense non budgetée de plus de 100.000 euros.
Le mercredi 15 janvier, enfin, les autorités communales de Burgos ont annoncé la suspension temporaire des travaux du boulevard à la Calle Vitoria. Un groupe de travail avec toutes les parties concernées serait mis sur pied, comprenant aussi la plateforme « Non au boulevard » et le parti d’opposition Izquierda Unida. Mais les opposants au projet restent sur leurs gardes et n’abandonnent pour l’instant pas leur camp de tentes improvisé et ni leurs actions de protestation.

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Épilogue victorieux

Il n’aura cependant pas fallu attendre longtemps pour qu’une victoire plus définitive s’annonce. En effet, le vendredi 17 janvier, deux jours après l’annonce de suspension temporaire, mon ami Joaquín Sánchez, du Parti communiste espagnol, exultait sur Facebook : « Nous l’avons fait ! Le “boulevard” est définitivement abandonné. » Le bourgmestre Javier Lacalle a en effet annoncé l’arrêt définitif des travaux pour le « boulevard » dans le quartier de Gamonal « en raison de l’impossibilité de poursuivre le projet ».      

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Barcelone soutient
La veille, le conseil communal PP avait pourtant voté unilatéralement une motion stipulant qu’il ne s’agissait que d’une pause. C’était sans compter sur les 2000 personnes en colère qui manifestaient devant la porte, et entendaient ne rien céder de leur revendication.      

Pour Izquierda Unida, il s'agit d'une triple victoire : victoire des démocrates face à l'attitude antidémocratique et autoritaire du Parti populaire (PP) confronté à la volonté populaire ; victoire de la majorité sociale face aux intérêts obscurs de l'alliance des banques, entreprises de construction et du PP ; et enfin victoire de ceux qui misent sur l'organisation et la mobilisation collective, ceux qui refusent de croire que rien n'est possible face aux pouvoirs oligarchiques et qui refusent d'ignorer la politique.      

Joaquín Sánchez : « La lutte s’est maintenant étendue à toute la région de Castilla y León. Nous devons aujourd’hui urgemment examiner quels défis nous allons relever face à cela. »
Sources :

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via http://les-etats-d-anne.over-blog.com/article-burgos-espagne-l-insurrection-et-la-victoire-d-un-quartier-122159920.html

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